Patrimoine normand

Félix du Temple, précurseur et pionnier de l'aviation

Mercredi 30 Janvier 2008

Extrait Patrimoine Normand N°06
Par Yves Loir

Réprésentation de l'appareil de "Locomotion aérienne" correspondant au brevet de Félix du Temple (DR).

Réprésentation de l'appareil de "Locomotion aérienne" correspondant au brevet de Félix du Temple (DR).

Une vie Hors du commun

Pour un certain nombre de Cherbourgeois, le nom de "du Temple" est associé à celui d'une très ancienne entreprise de notre ville. Nous avons rencontré plusieurs de nos concitoyens ayant travaillé chez "du Temple". Pour d'autres, anciens marins "du Temple" évoque un type de chaudière qui équipait, il y a quelques décennies encore, certains des derniers bateaux à vapeur. Mais les uns et les autres ignorent dans leur écrasante majorité que Félix du Temple construit et essaya à Cherbourg le premier aéroplane au monde, et que cet aéroplane fut le premier au monde à quitter le sol de ses propre moyens, en l'occurrence une hélice actionnée par un petit moteur à vapeur. Même si cet envol ne couvrit que quelques mètres, il n'en représente pas moins un événement historique capital.
Tout d'abord, qui était Félix du Temple ? La famille du Temple était originaire de la région. Issus de la petite noblesse de l'ancien Régime. Les "du Temple" se flattaient, en effet, d'avoir eu un ancêtre ayant participé à la conquête de l'Angleterre par les Normands conduits par Guillaume Le Conquérant. Toujours suivant la tradition familiale, une branche des "du Temple" aurait fait souche en Angleterre comme la plupart des Seigneurs Normands après la victoire d'Hastings en 1066. Et de fait, on retrouve dans l'histoire anglaise un certain nombre de personnages, soldats, hommes politiques, écrivains du nom de "du Temple". Un certain William "du Temple" (qui vécut en au XVIIe siècle), écrivain publia une "Introduction à l'Histoire d'Angleterre" dont plus de la moitié - peut être simple coïncidence ? - est consacrée précisément au règne de Guillaume Le Conquérant.
On trouve des "du Temple" à Cherbourg au XVIe siècle, Une autre branche des "du Temple" restée sur le continent se fixera au XVIIe siècle, dans la région de Saint-Malo. Au début du XIXe siècle, on trouve un des descendants de celle-ci fonctionnaire des contributions directes dans le Loiret. De son mariage avec Jeanne-Louise Martineau, avec Jean-Marie du Temple aura deux fils : Louis, né en 1819 et Félix, né en 1823. Ils se destinèrent tout les deux à la marine militaire. Le cadet, Félix entre à l'école navale en 1828 à l'âge de 15 ans. Ensuite ce sont les premiers embarquements de 1840 à 1848.
Sous le Second Empire, il participe à toutes les campagnes militaires. En 1855, il commande en second la batterie flottante "la Dévastation" pendant la guerre de Crimée contre les Russes et s'y comporte brillamment. Il prend part également à la guerre d'Italie (1859) et à celle du Mexique (1862 à 1867), à la tête d'unités de fusiliers marins. A l'occasion de cette dernière campagne et lors de son retour en France en 1964, il est nommé capitaine de frégate. Il a alors 41 ans. On le retrouve ensuite sous-directeur des mouvements du port à Cherbourg en 1865-1866.
Pendant la Guerre franco-prussienne de 1870, il commande une colonne expéditionnaire dans la région de Dreux et Maintenon et rallie ensuite l'armée de la Loire. Il revient à cette occasion à plusieurs reprises à Cherbourg rééquiper les recrues originaires de la région avec lesquelles il repart combattre les Prussiens de la région du Mans. Il est alors nommé général à titre auxiliaire et est élevé au grade de commandeur de la Légion d'Honneur.
Après la chute de l'Empire (1870) et la fin de la guerre, dans la période d'incertitude institutionnelle qui suit, il se joint à la fraction intransigeante des monarchistes (légitimistes) et est élu député dans le département voisin d'Ille-et-Vilaine. Pendant son mandat (1871-1876), il s'associera à toutes les positions des partisans du comte de Chambord, prétendant au Trône. (Affaire du drapeau blanc. Soutien des revendications territoriales du pape Pie IX en Italie...). Il votera contre l'amendement Wallon instaurant la République.

 

Félix du Temple

Félix du Temple (DR).

Il ne se représente pas en 1876. En avril de la même année, il fait valoir ses droits à la retraites. Quelques mois plus tard, le 3 septembre 1876, le "Phare de la Manche - Journal de Cherbourg" annonce dans sa rubrique maritime que "Monsieur du Temple, capitaine de frégate a reçu l'ordre le 1er septembre de cesser ses services dans la Marine". Cette formulation un peu particulière reflétait la dégradation des rapports entre Félix du Temple et l'amiral Cloué, préfet maritime de Cherbourg à l'époque. Celle-ci étant elle-même largement consécutive à l'opposition politique de Félix Temple face au régime qui se mettait en place alors en France.
A partir de cette époque et jusqu'à sa mort Félix du Temple va consacrer la mise au point et aux essais de l'aéroplane qu'il a conçu et au développement de l'entreprise qu'il créera en 1881 pour la commercialisation de la chaudière à vapeur destinée initialement à équiper cet aéroplane.
Le 4 novembre 1890, Félix du Temple meurt à l'âge de 67 ans.
Le 7 novembre le "Phare de la Manche - Journal de Cherbourg" concluait ainsi la notice nécrologique consacré à Félix Temple: "Le général du Temple était royaliste pur et honnête homme. Il était très estimé à Cherbourg." Lorsque l'on connaît la violence des affrontements politiques qui opposaient à cette époque "Monarchistes" et "Républicains" une telle appréciation venant d'un journal farouchement "républicain" prend toute sa signification.

 

Dirigeable. Tout au long du XIXe siècle, on ne compte plus les chercheurs et expérimentateurs qui tenteront de trouver la solution de la "locomotion aérienne" (DR).

Dirigeable. Tout au long du XIXe siècle, on ne compte plus les chercheurs et expérimentateurs qui tenteront de trouver la solution de la "locomotion aérienne" (DR).

Voler : un très vieux rêve de l'humanité

L'histoire de l'aviation prend sa source dans le désir immémorial de l'homme de s'élever et de se mouvoir dans les airs. Dans l'antiquité grecque, la légende de Dédale et de son fils Icare qui, pour s'évader de leur prison crétoise, s'équipent d'ailes fixées à leur corps avec de la cire, témoigne de l'ancienneté de cette aspiration de l'homme. Mais avant que celle-ci ne se matérialise il se passera des millénaires. Pendant la Renaissance. Léonard de Vinci entreprend la première étude rationelle du vol humain à partir de l'observation méthodique du vol des oiseaux. Ses réflexions et études n'eurent pas d'aboutissement ni de continuateurs pendant longtemps et il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle pour qu'à la suite des frères Montgolfier, l'homme à l'aide des ballons gonflés avec de l'air chaud puis de l'hydrogène parvienne à s'élever dans les airs.
Mais la montgolfière est "passive" et lente. Pour se déplacer, elle est à la merci des vents et des courants atmosphériques. On a pensé très rapidement à la rendre "dirigeable". Le Français Blanchard munit en 1784 le ballon d'une hélice actionnée à la main : le résultat est bien entendu médiocre mais c'est un événement historique important car il marque l'introduction de l'hélice dans la navigation aérienne. D'autres chercheurs, délaissant le ballon s'orien...

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