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Extrait Patrimoine Normand N°61 Par Thierry Georges Leprévost |
Les nouvelles technologies nous proposent d’autres façons de consulter les ouvrages historiques. Si cliquer sur une souris d’ordinateur offre peu de rapport avec le plaisir de laisser courir ses doigts sur les pages d’un livre, le procédé présente l’avantage d’une reconstitution virtuelle inaccessible par les voies ancestrales. Le DVD Rom réalisé à l’instigation du docteur Nicolle propose une visite de l’Hôpital St-Louis de Caen, depuis sa création en 1659, jusqu’à sa destruction au XXe siècle.
De tout temps, le spectacle de la mendicité « fait désordre » dans les rues d’un pays. En ce moment même, autorités, associations et médias ne se mobilisent-elles pas pour venir en aide aux plus démunis, relayant ainsi une pratique largement antérieure au christianisme ? Il est vrai que l’exercice de la charité est pour les chrétiens un bon moyen de s’épargner quelques années de purgatoire, voire de gagner un aller simple pour le paradis, aussi l’aide aux pauvres, essentielle dans le message évangélique, ne peut-elle en aucun cas disparaître sans porter atteinte au message du Christ. Encore faut-il que cette générosité, gratuite ou intéressée, fasse preuve de discernement et s’applique à ceux qui en ont réellement besoin. Pas question d’encourager la paresse ou la crédulité des nantis ! Aussi, dès le début du XVIe siècle, des mesures sont-elles prises pour lutter contre la mendicité et répondre à la pauvreté en distinguant les vrais pauvres des faux.Cette attitude prend au XVIIe siècle la forme d’une loi : la mendicité devient un délit qu’il convient de réprimer comme tel. En juin 1659, des lettres patentes de Louis XIV précisent les missions de l’hôpital. Afin de canaliser les élans naturels des donateurs, les aumônes individuelles, impossibles à contrôler, sont supprimées et remplacées par une aumône publique, produit d’une collecte étendue à de très nombreux métiers et corps sociaux. En somme, une sorte d’impôt destiné à atténuer les effets de la pauvreté grâce à une aide ciblée. Ce sera le rôle des hôpitaux généraux, sous la triple devise « enfermement, travail, assistance » ! ![]() ![]() Quatre ans auparavant, l’assemblée générale de la ville de Caen (l’équivalent du conseil municipal) prenait la décision de créer l’Hôpital St-Louis, selon des contours précisés en 1659 : il faut « empêcher la mendicité et la fainéantise des pauvres et pourvoir à leur subsistance, associer pitié et police » ! Toujours le conflit entre le devoir d’assistance et l’image de marque de la cité : « si nous ne voulons pas voir notre ville remplie et comme inondée des reflux de tous les vagabonds et fainéants qu’on chasse et qu’on repousse des autres lieux ». Le projet traîne pourtant en longueur. En juillet 1672 naît l’accueil provisoire de vieillards à La Gobelinière, sur la paroisse Ste-Paix, qui dépend de l’Hôtel-Dieu. Ce dernier, aussi appelé Hôpital St-Thomas-le-Martyr, a été fondé sur l’île St-Jean, à l’emplacement de l’actuelle place du 36e, vers 1186, sous le règne du duc-roi Henri II Plantagenêt, en réparation de l’assassinat de l’archevêque Thomas Becket. Fermé en 1823, il sera détruit en 1827 pour être transféré sur le site de l’Abbaye aux Dames, à côté de l’abbatiale de la Trinité (aujourd’hui Conseil Régional de Basse-Normandie). Enfin, le 27 juin 1674 est prise la décision de construire l’hôpital général sur le terrain de la foire du pré (entre la rue St-Jean, l’Orne et la Prairie ; la rue St-Louis est devenue avenue de Verdun). Il ouvre en 1678, sous le double patronage de St-Louis et de Ste-Elisabeth de Hongrie, princesse du XIIIe siècle fondatrice de l’hôpital de Marburg. ![]() ![]() Comme prévu, les pauvres et mendiants y seront aidés, enfermés et mis au travail. Une attention particulière est apportée en direction des enfants nécessiteux ou abandonnés (St-Louis est au XIXe siècle le seul hospice du Calvados où l’on peut abandonner son enfant), ce qui rejoint les préoccupations de l’association CRECHE (Comité de Recherche Caennais sur l’Histoire de l’Enfance, présidé par le docteur Nicolle) à l’origine du DVD Rom, qui effectue des recherches sur les conditions de vie, la place et les soins apportés aux enfants dans la société en Basse-Normandie à partir du XVIIe siècle. Dans les années 1920, tout le quartier St-Louis est détruit (à l’exception d’une tour des remparts), puis reconstruit. Rien n’en subsiste après les bombardements de 1944. Le DVD redonne vie à l’établissement par une animation qui nous permet d’effectuer une visite virtuelle de l’hôpital comme si nous y étions. Un « plus » qui, ajouté aux nombreux textes et photographies (histoire, vie et société, architecture), en fait un précieux outil pédagogique de l’histoire sociale de la Normandie. PRATIQUE : L’Hôpital St-Louis du XVIIe au XXe siècles, DVD Rom au prix de 20 €, en vente au Comptoir Normand, rue de Geôle à Caen, ou auprès de l’association CRECHE, 9 rue des Luthiers à Caen assoc.creche@wanadoo.fr |
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