Levée du siège de Salerne. Eugène Roger. Salerne assiégée par les Sarrasins, est délivrée par 40 chevaliers normands revenant de pèlerinage en Terre sainte (© RMN-Grand Palais - Château de Versailles).
Dans la première moitié du XIe siècle, le moine bourguignon Raoul Glaber décrit un Occident en pleine crise de mysticisme : « Les peuples chrétiens semblaient rivaliser entre eux de magnificence pour élever des églises plus élégantes les unes que les autres. On eût dit que le monde entier, d'un même accord, avait secoué les haillons de son antiquité, pour revêtir la robe blanche des églises. » À cette frénésie de construction s'ajoute un intérêt croissant pour les pèlerinages, particulièrement à destination de la Terre sainte, histoire de racheter le salut de son âme : « On vit encore une foule innombrable de fidèles accourir, comme en triomphe, à Jérusalem, de tous les coins de la terre, et contribuer par leurs offrandes à restaurer la maison de Dieu. » Selon la légende, c'est dans le cadre de ce regain de foi que débute l'épopée normande en Italie.
Le mythe des origines
Si l'on en croit le moine Aimé de Mont-Cassin, tout débute en effet aux environs de l'an mil, date éminemment symbolique, quand un groupe de quarante voyageurs de retour de Jérusalem passe par la ville de Salerne, alors assiégée par les Sarrasins. Le chiffre quarante ne doit rien au hasard : il correspond au nombre d'années d'errance dans le Sinaï imposées au peuple hé...
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