L’église de Magneville et ses secrets

Fonts baptismaux de Magneville. (© Jeannine Bavay)

Lorsque l’on cite les églises romanes du Nord-Cotentin, Lessay arrive en tête, puis Octeville, Tollevast, peut-être Couville, mais… Magneville ? Cette petite église est beaucoup moins connue. Pourtant, c’est un petit bijou dont l’architecture montre l’évolution des techniques de construction du roman au gothique. Et pour ceux qui la connaissent, cette église exerce aussi une fascination par les motifs sculptés de ses chapiteaux et surtout par ses fonts baptismaux qui ont posé bien des interrogations.

Le site et les foires

Pourquoi une église aussi riche, dans un village de 300 habitants aujourd’hui ? Cette église se découvre isolée à l’extrémité d’un vaste terrain dont un panneau nous indique le nom : le Ferrage. Faute d’orthographe d’un topographe parisien, car sur ce terrain se tenaient les foires : c’était le lieu de la feire, le feirage, nom qui n’a rien à voir avec le ferrage des chevaux. On peut imaginer le parking actuel et les terrains qui vont jusqu’au carrefour, couverts de grandes tentes des pieds-poudreux, avec la foule, le bétail, les bruits et les odeurs de cuisine…

En effet, en 1331, Robert Bertran, baron de Bricquebec et maréchal de France, a obtenu du roi de France Philippe VI de Valois, une charte qui autorisait la tenue d’une foire à Magneville, le jour de la Saint Maur, à perpétuité (le 25 avril). Le 24 février 1343, il donne à son cousin Jean, sire de Magneville, la foire que le roi avait créée en sa faveur. La tenue d’une foire était un grand privilège, pour les habitants qui trouvaient là des revenus supplémentaires, pour le seigneur qui levait des taxes alimentant ses finances et pour le clergé qui pouvait percevoir une dîme substantielle. Rappellons que les travaux du chœur étaient payés par le clergé et ceux de la nef par les habitants. Au Moyen Âge, la population de la paroisse est estimée à 1 000 habi...

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