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Pont-de-l’Arche : en 2014, l’orgue célèbre ses 400 ans !

Samedi 26 Avril 2014
Pont-de-l’Arche : en 2014, l’orgue célèbre ses 400 ans !

Ce magnifique buffet en chêne contient près de 1 000 tuyaux qui résonnent depuis 1614 (© Armand Launay).

L’orgue de l’église Notre-Dame-des-Arts est un des joyaux du patrimoine de Pont-de-l'Arche. Classé Monument Historique par le ministère de la Culture, il fut construit entre 1608 et 1614 par Jean Oury, sous la conduite de Crépin Carlier, organiste de Laon alors installé à Rouen. Six années ont été nécessaires pour créer le très beau buffet en chêne, les 1 100 tuyaux, et pour accorder l’instrument à sa caisse de résonance qu’est l’église ! Des travaux réalisés par Stoltz à la fin du XIXe siècle, permettent à notre instrument de jouer aussi des airs contemporains. En septembre 2014, il sera la star des Journées du Patrimoine, qui célébreront ses 400 ans…

 

Un « monstre » fragile, entretenu avec soin

Dans l’Eure, un orgue sur deux est muet faute d’entretien. L’orgue de Pont-de-l’Arche a retrouvé sa voix en 1995, quand la ville investit 900 000 francs de l'époque dans la restauration complète de cet instrument aux dimensions monstrueuses. « L’orgue doit sa survie à l’attention des générations qui se sont succédé », aime à dire Michel Lepont, organiste paroissial, nommé conservateur de l’orgue par la ville de Pont-de-l’Arche (propriétaire de l’église) en 2010.

Être nommé conservateur de l’orgue n’est pas un titre. Michel Lepont est organiste paroissial depuis 1984 et connaît bien son sujet. En tant que conservateur – tâche bénévole –, il se doit d’assurer l’entretien courant de l’orgue et d'alerter la ville sur son état de santé. Plusieurs fois par semaine, il nettoie, procède à de petites réparations et joue de l’orgue afin d’éviter que le soufflet ne colle. Il met à jour un registre sur lequel il note les noms des utilisateurs et la nature des réparations réalisées. Ce travail est essentiel pour le suivi de l’instrument auprès du facteur d’orgue, qui vient chaque année relever l’instrument. Deux fois par an, Michel Lepont assure aussi deux concerts (Pâques et Noël) au nom du service culturel de la ville. Notre organiste justifie son engagement : « En dehors du culte, mon souci est de démystifier l’orgue. Il doit être sympathique à tout le monde, quelles que soient les convictions. »
 

Michel Lepont est organiste de la paroisse depuis 1984 (© Armand Launay).

Michel Lepont est organiste de la paroisse depuis 1984 (© Armand Launay).

 

Émouvoir les gens

Le rôle de l’organiste est important, car l’orgue est conçu pour émouvoir les gens. Grâce à une glace située au-dessus du clavier, l’organiste arrive à voir les mouvements du curé qui se trouve dans son dos, de l’autre côté de la nef. Ainsi, il s’adapte selon les besoins. Michel Lepont utilise un jeu de tuyaux appelé « Voix céleste » pour aider les gens à méditer, à se recueillir. Le son part alors vers la voûte, avant que sa douceur ne retombe sur les bancs de l’église. En fin de messe, afin de transporter l’assistance, Michel Lepont utilise le « Tutti », c’est-à-dire tous les jeux. Les flûtes, trompettes, clairons, violes de gambes et clarinettes, cornets et hautbois, tous les sons se rejoignent comme dans un orchestre pour occuper tout le volume de l’église. Frisson assuré !

Avec poésie, Michel Lepont nous dit que « ce n’est pas l’homme qui a inventé l’orgue mais la nature. Dans l’Antiquité, des bergers ont remarqué que le vent faisait de la musique en passant dans les trous des roseaux. Alors, ils ont eu l’idée de souffler dans des roseaux percés par leurs soins. La flûte était née et l’orgue n’est qu’un grand assemblage de flûtes. » L’orgue est alimenté en air grâce à un soufflet contenant 2 m3. Il l’envoie à faible pression (300 grammes) sous l’instrument (dans le sommier). L’organiste libère des poches d’air grâce au clavier et au pédalier. Celles-ci entrent dans certains tuyaux et c’est alors que naissent des sons les plus variés. Plus le tuyau est court et plus le son est aigu. Michel Lepont nous apprend qu’un « tuyau parle faiblement. Le son est amplifié par la caisse en bois qui entoure l’orgue, puis c’est l’église qui donne au son toute son ampleur. Le son émis par les tuyaux est calculé afin de ne pas masquer les chants. »

Rendez-vous donc en septembre, pour le quatrième centenaire de l'orgue de Pont-de-l'Arche !

 

Article publié dans Patrimoine Normand n°89, par Armand Launay.

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