Patrimoine normand

Le Basset Artésien-Normand

Samedi 16 Février 2008
Le Basset Artésien-Normand

Basset Artésien-Normand. Chien destiné à la chasse du lapin, travail où il excelle toujours, il est apte maintenant à chasser tous les animaux de tirs (photo Maurice Leblanc/Patrimoine Normand).


Extrait Patrimoine Normand N°07.
Par Maurice Leblanc.

Notre basset porte un nom long, il a aussi une histoire longue et glorieuse.

Le Basset Artésien-Normand est l’unique représentant moderne de l’ancienne race basset d’Artois, il est presque certain que cette dernière fut la souche primitive de toutes les races de bassets courants à poils ras qui existent actuellement.
Qu’est-ce qu’un basset ? C’est un animal dont les pattes sont très courtes par rapport à l’importance de son corps. Cette structure est le résultat d’une anomalie dans la croissance des os longs qui faits qu’ils poussent moins rapidement en longueur qu’en épaisseur.
Le bassetisme existe chez le chien depuis des millénaires comme témoignent des gravures datant du temps des pharaons.

 

Basset Artésien-Normand

Basset Artésien-Normand. Les feux de sa robe sont de préférence rouquins plutôt clairs rappelant encore l'origine normande (photo Maurice Leblanc/Patrimoine Normand).

 

Les ancêtres du Basset Artésiens-Normand

Il est raisonnable de supposer que l’Homme a entretenu cette structure chez le chien dans un but égoïste, c’est-à-dire en raison de son utilité pour lui.
Tout chasseur est d’abord un observateur de la nature. Nos ancêtres ont bien saisi la similitude entre la structure des prédateurs chassant sous terre et celle du chien basset. Pour cette raison, nous ne sommes pas étonnés d’apprendre qu’au XVIe siècle, le basset servait autant pour chasser sous terre que sur terre. 
C’est Jacques du Fouilloux, dans son livre La vénerie (1561) qui nous l’a dit ; et il nous dit aussi que les bassets avec lesquels il faisait la guerre aux blaireaux étaient originaires de l’Artois.
Quand, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, on a commencé à définir et fixer les diverses races de chiens, le Basset d'Artois figurait parmi celles dont on s’est occupé en premier.
A cette époque, le Basset d’Artois se présentait avec deux types bien distincts ; l’un en provenance de l’élevage du Comte Le Couteulx de Canteleu, près d’Etrepagny dans l’Eure, et l’autre ayant ses origines dans le chenil de Louis Lane qui habitait près de Rouen.
Le chasseur émérite qu’était Le Couteulx cherchait un modèle utilitaire avec des antérieurs presque droits, un corps un peu tassé et une tête assez commune qui rappelait celle de l’ancien grand chien d’Artois. De cette dernière race, il avait aussi hérité l’amour de la chasse et l’esprit d’initiative.
Louis Lane accordait davantage d’importance au plaisir de l’œil ; ses chiens avaient de magnifiques têtes portant des oreilles longues et bien roulées, qui rappelaient la noblesse de l’ancienne race normande. Ils avaient moins d’entreprise et d’allant que le modèle Le Couteulx, en raison d’un tempérament plus réfléchi et, ensuite, et surtout, à cause d’antérieurs exagérément tors qui les rendaient presque infirmes.
Ces deux modèles ont existé côte à côte pendant 20 ans.
Par la suite, la plupart des éleveurs ont préféré mélanger les deux sangs à divers degrés afin d’obtenir un chien possédant les meilleures qualités de ces lignées illustres.
Au moment de la rédaction du premier standard pour le Basset d’Artois (1898), la majorité des chiens présentaient un mélange de caractères Artésiens (Le Coulteulx) et Normands (Lane).
Le meilleur exemple de cette tendance se trouvait chez les chiens produits par Léon Verrier, l’Homme que l’on peut considérer comme le père du Basset Artésien-Normand moderne.
Son type de chien, avec son caractère normand marqué, a dominé dans les expositions canines pendant une quinzaine d’années à partir de 1896, Mais il eut davantage d’influence en tant que Juge et dirigeant de Club que d’éleveur. L’élevage de Verrier fut anéanti par la maladie pendant la Première Guerre mondiale et c’est bien après, en 1922, que le Club a décidé d’encourager uniquement l’élevage de son modèle.
C’est sous sa présidence, en 1927, que le Club a changé de nom pour devenir celui de Basset-Artésien-Normand.
Ce changement de nom n’était pas la simple reconnaissance du fait que le chien décrit par le standard, qui lui n’avait pour ainsi dire pas changer depuis 1910, était bel et bien du type Artésien-Normand. Mais Verrier voulu aller plus loin et transformer le Basset Artésien-Normand en Basset Normand tout court. C’est cette intention qui fut exprimée par le comité de vénerie dans l’introduction à sa collection de standards de 1930, seule collection renfermant un standard officiel pour le véritable Basset d’Artois.
Notre Basset Artésien-Normand a failli devenir basset Normand en 1932 car une proposition dans ce sens fut repoussée de peu au cours de l’assemblée générale du club cette année là.
Léon Verrier habitait les Bulins à Mont-Saint-Aignan (Seine Inférieure). Il est à remarquer que ces trois éleveurs cités résidaient en Normandie.
La morphologie du Basset Artésien-Normand a toujours su se modifier pour répondre aux besoins de son temps tout en respectant un standard dont les termes restes invariables.
Aujourd’hui nous recherchons un modèle de structure athlétique, pas trop lourd, avec une tête distinguée. La tête est un élément déterminant dans la race doit présenter un crâne de moyenne largeur ayant une bosse occipitale apparente ; un chanfrein moins large que le crâne, au moins aussi long que ce dernier et un peu busqué ; une oreille fine et papillotée, étroite à sa naissance attachée. Au dessous de la ligne de l’œil, avec une peau fine rendant facilement discernable la ciselure de la tête mais en même temps assez lâche pour former quelques plis sur les joues et laisser parfois apparaître la conjonctivite.
Il faut une bonne sortie d’encolure avec un cou assez long pour mettre en valeur sa belle tête, et le cou lui-même peut porter un léger fanon.
Pour faire son métier de chien de petite vénerie moderne, le Basset Artésien-Normand doit avoir une omoplate longue et oblique.
L’avant-bras est gros et court. Nous trouvons ensuite un poignet un peu tors. Le nouveau standard n’accepte plus des antérieurs complètement tors, et préconise des demi-tors ou presque droits.
Autrefois la majorité des bassets d’Artois était de petite taille, la race présentait généralement une côte ronde, Aujourd’hui le Basset Artésien-Normand moderne est plus grand, avec le résultat que la poitrine a pris une forme ovale avec des côtes plus longues. 
Aussi important que leur longueur est la conformation générale : les côtes doivent se joindre au sternum sans déformation, le sternum lui-même doit être long ; les côtes sternales doivent s’étendre loin en arrière, être de forme ovale et dessiner par leur extrémités inférieures une ligne soutenue et sans évasement.
L’ancienne structure râblée de la race donnait naissance à une masse musculaire compacte dans l’arrière-main et une croupe presque sphérique. De nos jours nos Bassets, avec leur structure plus longiligne, ont des muscles également plus longs, et la cuisse doit toujours être bien musclée. Comme chez les autres races de chiens courants, des canons postérieurs courts sont une qualité.
Les feux de la robe sont de préférence rouquins plutôt clairs rappelant encore l’origine normande.


basset-artesien-normand-anatomie

1. Nez légèrement brusqué 2. Stop marqué sans exagération 3. tête en dôme 4. occiput apparent 5. Joue sèche 6. Oreille souple et longue 7. Dos ligne de dessus horizontale 8. Rein légèrement harpé 9. fouet en lame de sabre 10. cuisse très musclée  11. Jarret légèrement coudé  12. Membres courts et forts  13. Pieds ovalisé 14. Poitrine Saillante 15. Lèvre moyennement  descendue  16. Léger fanon 17. truffe noire.


L'évolution dans la structure du Basset Artésien-Normand s’est faite en vue d’une amélioration de ses aptitudes pour la chasse. Chien destiné à l’origine à la chasse du lapin, travail où il excelle toujours, il est apte maintenant à chasser tous les animaux à tir ; avec sa taille réduite et sa persévérance, il arrive à sortir n’importe quel animal des fourrées les plus denses.
Doté d’une belle voix de cogneur, il chasse méthodiquement sans bousculer ni effrayer le gibier qui ne fuit pas comme il le fait devant des chiens plus rapides. Avantages qui donne au chasseur le temps de gagner le devant de la chasse et de se poster aux endroits prévus à l’avance.
Aussi bien dans son caractère que dans son comportement à la chasse, rien ne dénote en lui le brigand, l’indiscipliné ; le tricheur. Il applique des méthodes classiques et conformes à la tradition rappelant nos deux vielles races dont il est issu, l’Artois et le Normand.
Grâce à l’entreprise, l’activité et le nez très fin inhérents à la race, un ou deux Bassets Artésien-Normand suffisent à garantir de nombreuses heures de plaisir à n’importe quel chasseur. Mais rien n’égale la joie provoquée par la musique d’un petit groupe de cinq ou six de ces chiens bien ameutés et créancés.
Les qualités de calme, d’obéissance et de gentillesse ; si nécessaires pour son utilisation à la chasse, font de lui un merveilleux compagnon, aussi à l’aise au sein de la famille de son maître qu’à la chasse. Son bon équilibre lui permet de s’adapter rapidement à toutes les situations et il sait se montrer patient envers les enfants.
N’est-ce pas remarquable de trouver tant de qualités rassemblées dans un petit volume. Je crois bon de donner ici les noms des membres du Club habitants en Normandie et qui contribuent actuellement au développement et à l’évolution de la race. Monsieur Georges Femel (affixe du chant d'oisel), Monsieur Jacques Paumier (affixe des hameaux de Génetuit).


 

Monique et Loic Garet (DR).

Monique et Loic Garet et leurs Bassets Artésien-Normand (DR).


RENCONTRE :
MONIQUE ET LOIC GARET, ÉLEVEURS DE BASSET-ARTÉSIEN-NORMAND


Bonjour Loic, alors d'où vient cet amour du Basset Artésien-Normand ?
Loic Garet : Notre passion est née il y a 20 ans, lorsque mon épouse a craqué pour Iris, une petite chienne achetée sur un marché. Cette chienne nous a fait découvrir toutes les qualités du Ban à la chasse et comme chien de compagnie. Quand elle nous a quitté en 2004, nous sommes allés chercher un autre basset dans la région Bordelaise et là nous avons rencontré une éleveuse qui nous a fait partager sa passion.

Pourquoi l'élevage ?
Les premiers bons résultats obtenus avec Vlady et Balthazar en concours de beauté et standard nous ont poussé vers l’élevage afin de sélectionner le beau et le bon. Nous avons intégré le club de race, où nous avons trouvé une ambiance chaleureuse avec les autres participants, venus de toutes les régions de France, parfois de l’étranger et tous aussi passionnés que nous.

Pourquoi le Basset Artésien-Normand en particulier ? 
Nous aimons beaucoup leur gentillesse et leur douceur avec les enfants, nos chiens partagent notre quotidien, ce qui ne les empêchent pas le W-E d'aimer aller chasser le lapin en meute.

Pour revenir à l'élevage, qu'est-ce qu'il représente, comment pouvez vous nous le définir ?
Notre production est modeste : une portée maximum par an, mais très réfléchie afin de préserver les qualités de la race, principalement la taille ce qui est le plus difficile à conserver actuellement.

Une sorte d'élevage à la recherche d'excellence ?
Avec 4 bassets, nous pouvons faire travailler nos chiens dans des brevets de chasse (sans fusils) de la Société Centrale Canine, ces épreuves sont organisées pour sélectionner les chiens possédant les meilleures qualités.

Quels sont les résultats ?
Balthazar est devenu champion de France de conformité au standard en 2009 et champion international en 2011. J’ai été nommé au poste de secrétaire et délégué régional du club du Ban.

Où pouvons-nous vous trouvez sur la toile ?
Pour faire partager notre passion et faire connaître les bassets artésiens nous avons ouvert un site internet et depuis nous avons sympathisé avec d'autres passionnés de Hollande, Allemagne et Danemark pour promouvoir la race.

Est-ce une occupation à plein temps ?
Les week-end sont très chargés : expositions nationales ou internationales, brevets de chasse, fêtes de la chasse, réunions de club, participation au salon de l’agriculture, tout ce qui peut conduire à faire connaitre la race nous emmène sur les routes des 4 coins de France, parfois même à l'étranger ou retrouvons toujours des connaissances avec qui nous partageons nos repas autour d’une bonne table et de quoi parlons nous ? Basset bien sûr !!

Est-ce un chien présent dans les foyers français ?
Le nombre de naissances (environ 300 par an, source SCC) en fait une race assez peu connue.

Propos recueillis le 09 février 2012. Par Rodolphe Corbin. 


LIENS UTILES  :

- basset-artésien-normand.com  ; www.ban-artois.org

BIBLIOGRAPHIES  :

- La Vénerie de Jacques du Fouilloux.
- Le Basset Artésien-Normand par Maurice Leblanc, édition 1982.

 

 




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