Patrimoine normand

La truie de Falaise, condamnée pour avoir dévoré un nourrisson

Jeudi 4 Avril 2013
La truie de Falaise, condamnée pour avoir dévoré un nourrisson

Repésentation d'une truie jugé pour le meurtre d'un enfant. The Book of Days : A Miscellany of Popular Antiquities)


Jean-François Miniac

Extrait Patrimoine Normand n°85.
Par Jean-François Miniac.

 
Facade de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de La Ferté-Macé. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)
Facade de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de La Ferté-Macé. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Dans la Normandie médiévale, les juges des tribunaux criminels se référaient à la Bible pour condamner les coupables, lesquels, toute nature confondue, étaient alors tous des créatures d’un Dieu tout-puissant… Ainsi à Falaise en 1386…

C’est dans la paroisse de La Ferté-Macé, une baronnie de la couronne de France dépendant du jeune roi Charles VI le fol, que tout commence le jour de l’an 1386, un lundi. Dénommée Feritate Mathei - la forteresse de Matthieu - vers 1333, cette paroisse est en pays d’Andaine, un petit pays bocager mangé par trois forêts giboyeuses, celle d’Andaine au Sud, celle de la Ferté même et celle du mont de Here, autant de bois de chênes où, chaque automne, les porchers font paître leurs troupeaux, frappant les branches avec un bâton pour en faire choir les glands. Autant dire que le petit pays dont une chapelle est dédiée à Saint Antoine, l'ermite souvent identifié avec un cochon, est marqué par le genre suidé. Plus que vous ne l’imaginez, hélàs…

Dans cette humble paroisse du Duché de Normandie, l’épouse du maçon Souvet a mis au monde un enfant vers l'équinoxe d’automne 1385, voici plus de trois mois. Sans doute a-t-il été baptisé en septembre dans l’église romane de la modeste paroisse, étrangère au grand schisme d’Occident qui déchire l’Église depuis huit ans, cette Église alors administrée par deux pages, celui de Rome, Urbain VI, et celui d’Avignon, Clément VII. Pourtant, l’Église n’est pas lointaine au caractère étonnant de cette affaire criminelle…

À la Ferté, le pauvre Souvet possède une truie de trois ans. Comme nombre de porcs à l’époque, elle vagabonde librement, tel un pourceau de Saint Antoine, déambulant dans les rues du bourg et les chemins fertois, allant et venant à sa guise. Entrant dans les maisons aussi... Cette liberté de mouvement porcine destinée à nettoyer les immondices est pourtant interdite depuis le XIIe siècle, depuis qu’en octobre 1131 à Paris, un goret avec sa clochette accrochée au cou se fut jeté entre les jambes d'un cheval monté par le prince Philippe de France, fils aîné du roi Louis VI le Gros, causant la chute mortelle de l’adolescent de 15 ans. Si ce mammifère n'encourut aucune punition pour cette tragédie qui modifia cependant la succession au trône, ces intempestives divagations furent dès lors frappées d’interdiction par un édit royal, lequel exemptait cependant ceux des confréries de moines Antonins. Ce verrat eut chaud, car, quelques années auparavant, en 1120, l’évêque de Laon avait prononcé l’excommunication de chenilles et de mulots s'étant attaqués aux récol...

 

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