Patrimoine normand

Quand la Normandie était le théâtre de la guerre de Cent Ans

Mercredi 9 Octobre 2013
Quand la Normandie était le théâtre de la guerre de Cent Ans

Un colombier sur les tuiles duquel roucoulaient des couples de palombes. À Saint-Pierre-de-Cormeilles, dans l'Eure. (© Brigite Piedfert)


Brigite Piedfert

Extrait Patrimoine Normand n°87.
Par Brigite Piedfert.

 
Le vent d’Écorchevel - Enguerrand, seigneur de Corbin par Brigite Piedfert, publié par les Éditions OREP.
Le vent d’Écorchevel - Enguerrand, seigneur de Corbin par Brigite Piedfert, publié par les Éditions OREP.

1348 : la Peste Noire, encore appelée la Grande Peste, fait son apparition dans le royaume de France, déjà cruellement meurtri par la guerre de Cent Ans qui voit s’affronter Anglais et Français depuis 1337.

Le fléau de la peste bubonique se répand comme une traînée de poudre dans toute l’Europe qui verra près de 30% de sa population décimée par la terrible épidémie. Les récits de l’époque nous renvoient à des visions d’horreur : les corps sont abandonnés sans sépulture ou encore enterrés à la hâte et attirent les bêtes sauvages et les loups affamés. La vie quotidienne est affectée dans ses moindres détails et nombre de contrats relatifs aux achats et ventes de propriétés ou aux locations et fermages de terres ne sont plus établis. A la famine et à la maladie s’ajoutent les ravages de la guerre qui atteignent tout particulièrement « le gras et bon pays de Normandie », bientôt pillé et mis à sac par les Anglais, comme nous l’indique Jean Froissart dans ses chroniques.

C’est au coeur de cette époque troublée que se situe la première partie du roman Le vent d’Écorchevel, Enguerrand, Seigneur de Corbin. Enguerrand, le héros fictif, loin de voir dans l’épidémie de peste le châtiment de Dieu, va tirer parti de cette situation. D’origine modeste, ancien capitaine de Compagnie désoeuvré, il reste néanmoins un guerrier redoutable. Soldat sans solde pendant les nombreuses trêves qui ponctuent la guerre de Cent Ans, il s’approprie en Normandie un fief abandonné dont les habitants ont été décimés par la peste. En s’emparant de cette terre noble, il ne lui restera plus, pense-t-il, qu’un pas à franchir pour accéder à la noblesse qui lui fait tant défaut. Le manoir sur lequel il fait main basse se situe à Saint-Pierre-de-Cormeilles, dans l’Eure, et très vite, Enguerrand s’octroie le titre de seigneur de Corbin. La position privilégiée qu’occupent ses terres lui fournit d’excellents revenus : comme de nos jours, une rivière y coule, la Calonne, alimentée par un ruisseau, le Frédet. Enguerrand y possède un moulin à eau, un colombier, des prés, il s’appro...

 

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