Patrimoine normand

Giverny : Impression, jardin vivant

Dimanche 10 Avril 2011
Giverny : Impression, jardin vivant

La maison du Clos normand. De part et d’autre de l’allée, les deux ifs préservés par Alice Hoschedé. Sur la façade, des rosiers. Le Mermaid, rosier favori de Monet, portait ses fleurs jaunes en offrande jusqu’à la fenêtre de sa chambre. (© Fondation Claude Monet)


Thierry Georges Leprévost

Extrait Patrimoine Normand n°77
Par Thierry Georges Leprévost.
 
Claude Monet dans son allée centrale, sous les immenses arceaux métalliques qui ont remplacé les conifères. Y grimpaient surtout deux variétés : Crimson Rambler et La Belle Vichyssoise. Les modestes églantiers avaient aussi sa faveur. (© Coll. Fondation Claude Monet)
Claude Monet dans son allée centrale, sous les immenses arceaux métalliques qui ont remplacé les conifères. Y grimpaient surtout deux variétés : Crimson Rambler et La Belle Vichyssoise. Les modestes églantiers avaient aussi sa faveur. (© Coll. Fondation Claude Monet)

Nymphéas, Impressionnisme, Giverny… Ces noms conduisent immanquablement vers Claude Monet. Dans notre précédente édition, nous vous avons présenté le plus important mouvement pictural du XIXe siècle à travers les expositions-événements de l'année 2010. Si Rouen est bien le berceau historique de l'Impressionnisme, les jardins de Claude Monet à Giverny, remarquables toiles évolutives au gré des saisons, en constituent le vivant et indispensable complément.

Les roses trémières poussent leurs derniers assauts vers la lumière d'automne, comme pour affirmer une dernière fois leur coquetterie avant le sommeil hivernal, tandis que les tournesols les narguent encore de leurs soleils miniatures, et que, plus modestes, les capucines colonisent paisiblement les allées, sachant leur fin prochaine dès les premières froideurs. Éternelles sentinelles, ifs et épicéas montent la garde çà et là, imperturbables au rythme des saisons, tout comme les gigantesques bambous ou les rhododendrons ventrus, dont la verdure maintient intact le fond de la toile de ce tableau végétal. Le sol commence à tisser son tapis mordoré où s'amoncellent des feuilles de toutes tailles et de toutes formes, détachées de leurs branches par une arrière-saison précoce, conséquence de l'exceptionnelle sécheresse de l'été. C'est à présent le règne des dahlias, innombrables et variés, ainsi que les aimait le peintre qui les cultivait avec passion, jusqu'à créer des hybrides à partir de ses préférés.
 

L'allée centrale du Clos Normand. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand) 

L'allée centrale du Clos Normand. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

L'étang des nymphéas. Les nymphéas étaient fournis par le célèbre pépiniériste Latour-Marliac. « Nous avions des nymphéas blancs, jaunes, rouges, des bleus aussi, espèces exotiques préparées en serre », a confié Félix Breuil, le chef jardinier de Monet. L’étang était nettoyé tous les jours et les feuilles coupées en arrondi ! (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand) 

L'étang des nymphéas. Les nymphéas étaient fournis par le célèbre pépiniériste Latour-Marliac. « Nous avions des nymphéas blancs, jaunes, rouges, des bleus aussi, espèces exotiques préparées en serre », a confié Félix Breuil, le chef jardinier de Monet. L’étang était nettoyé tous les jours et les feuilles coupées en arrondi ! (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Coup de cœur pour Giverny

Lorsqu'en 1883 Claude Monet s'installe à Giverny, nul ne peut supposer que ce paisible village aux portes de Vernon recevrait annuellement un siècle plus tard entre 400 000 et 500 000 visiteurs ! Concours de circonstances, coup de pouce du hasard, tirage au sort de cette loterie sans nom qui sortira d'un chapeau un lieu élu par la grâce du destin plutôt qu'un autre. Un destin largement aidé par l'Homme. Et surtout par un homme, dont on célèbre en novembre prochain le 170e anniversaire de naissance.

On savait Monet amoureux de la Normandie. Né à Paris en 1840, il a la chance, car c'en est une, de s'installer au Havre avec sa famille dès l'âge de cinq ans. Georges Clemenceau écrira de lui : « ... Si j'ajoute qu'il passa toute sa jeunesse au Havre, et là, s'éprit des brassements de lumière que l'océan tumultueux des côtes reçoit de l'espace infini, peut-être s'expliquera-t-on cette familiarité de l'œil avec les gymnastiques lumineuses d'une atmosphère affolée qui jette toutes les nuances de tous les tons au gaspillage des vagues et des vents. »

Adolescent adepte de la caricature, il rencontre Eugène Boudin qui lui apporte les premiers rudiments de peinture. À 18 ans, il expose sur place une première œuvre. Il navigue ensuite entre Paris et Le Havre, s'ouvre à l'estuaire, apprécie Honfleur et Sainte-Adresse où il séjourne. S'il réside fréquemment dans la capitale ou à proximité, on le voit encore à Rouen, Fécamp, Dieppe, Trouville ou Étretat. Et puis, à Giverny.

L'endroit a tout pour le séduire : loin du tumulte de la vie parisienne, le village est cependant assez près de Paris (et desservi par le chemin de fer) pour qu'il y fasse valoir ses œuvres. La Seine est proche aussi ; et l'Epte, frontière symbolique entre l'Île-de-France et une Normandie qu'il affectionne comme s'il y avait vu le jour. Il découvre à Giverny une longue maison au crépi rose qui domine un terrain d'un hectare. L'allée centrale qui descend jusqu'à la route est bordée de conifères. De hauts murs de pierre ceignent l'ensemble. Malgré la présence d'une pommeraie et d'un potager, on ne peut guère parler de jardin ; de nos jours, un promoteur immobilier parlerait d'un « fort potentiel d'aménagement » que Monet perçoit aussitôt. À 43 ans, peintre à succès établi et reconnu, il s'installe au bien nommé « Clos normand » et, bien que locataire, y entreprend de grands tra...

 

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