Patrimoine normand

« Les couleurs de la mer » vues par Charles-François et Karl Daubigny

Mardi 8 Septembre 2020
« Les couleurs de la mer » vues par Charles-François et Karl Daubigny

Exposition « Les couleurs de la mer », musée Eugène-Boudin à Honfleur. Présentation par Benjamin Findinier d’une collection d’eaux-fortes signées Charles-François Daubigny. (© Stéphane William Gondoin)

[Durée de lecture : 3 minutes] Nous poursuivons notre tour du festival Normandie impressionniste, avec cette fois un crochet par Honfleur et son musée Eugène-Boudin, que nous apprécions particulièrement. La très attendue exposition temporaire Les couleurs de la mer, consacrée au travail des Daubigny père et fils, a enfin pu ouvrir ses portes dans le contexte sanitaire que l’on connaît. Pour le meilleur… et le meilleur !


DATE : 
Jusqu'au 23 novembre 2020.
LOCALISATION :
HONFLEUR (14)

 

Ce sont trois années d’un travail acharné, mené par Viktoria von der Brüggen, docteur en histoire de l’art, et Benjamin Findinier, directeur des musées et du pôle culturel de Honfleur, que la crise sanitaire a bien failli réduire à néant. « Fort heureusement », explique Mme von der Brüggen, « toutes institutions et tous les particuliers sollicités ont confirmé leurs prêts, et ce malgré la situation, ce qui a permis de maintenir la manifestation. Nous ne les en remercierons jamais assez. » Alors certes, Les couleurs de la mer ouvre ses portes avec quelques mois de retard, mais chacun peut désormais en profiter jusqu’au 23 novembre. Et il serait bien évidemment dommage de s’en priver ! Explications…

Charles-François Daubigny, Château-Gaillard, sanguine, inv. DG 783. (© Musée des Beaux-Arts de Dijon)

Charles-François Daubigny, Château-Gaillard, sanguine, inv. DG 783. (© Musée des Beaux-Arts de Dijon)

La Normandie… de père en fils…

Charles-François Daubigny (1817-1878) découvre la Normandie dès les années 1840. Il a alors acquis une solide réputation de dessinateur et de graveur, et participe en tant qu’illustrateur à la réalisation de deux ouvrages de Jules Janin, La Normandie (1843) et Voyage de Paris à la mer (1847). En 1854, il visite le modeste village de Villerville situé à mi-chemin entre Honfleur et Trouville (qui deviendra un siècle plus tard le célèbre « Tigreville » d’Un singe en hiver) et tombe sous son charme. À l’un de ses amis, le sculpteur Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume, il écrit enthousiaste : « Je vois qu’il y a quelque chose de bon à faire ici. Je vois la mer et c’est si beau que je n’ai pas envie de courir ailleurs. » Cette découverte de l’univers maritime, avec ses atmosphères et ses lumières changeantes, constitue une révélation : Charles-François plante son chevalet et s’emploie à saisir tempêtes, couchers de soleil, scènes champêtres… Parmi ses motifs de prédilection figure le pré des Graves, avec son herbe grasse, ses troupeaux paisibles, ses arbres torturés par le vent.

Daubigny initie tôt à la peinture son fils Karl (1846-1886), auquel on reprochera longtemps de ne produire que de simples imitations du travail de son père : « s’il est vrai qu’à ses débuts on sent dans ses œuvres les influences paternelles, on s’aperçoit qu’il s’en affranchit au fil du temps pour développer sa technique personnelle, ses thématiques et ses sensibilités propres », précise M. Findinier.

Palette de couleurs de Karl Daubigny. (© Stéphane William Gondoin) Viktoria von der Brüggen et Benjamin Findinier devant Plage de Villerville à marée basse, huile sur bois de Charles-François Daubigny, prêtée par le prestigieux Rikjsmuseum d’Amsterdam. (© Stéphane William Gondoin)
Palette de couleurs de Karl Daubigny. (© Stéphane William Gondoin) Viktoria von der Brüggen et Benjamin Findinier devant Plage de Villerville à marée basse, huile sur bois de Charles-François Daubigny, prêtée par le prestigieux Rikjsmuseum d’Amsterdam. (© Stéphane William Gondoin)

Un travail de longue haleine

Le parcours de cette exposition passionnante a été conçu selon un cheminement ascendant, divisé en grands chapitres : galerie de portraits présentant le père et le fils (on pourra y voir leurs palettes de couleurs, ce qui est rare) ; Charles-François dessinateur et graveur, avec notamment une remarquable sanguine représentant Château-Gaillard ; la découverte du pré des Graves ; le face à face avec la mer ; la ferme Saint-Siméon, lieu de rencontre pour les artistes et creuset d’idées ; les motifs de l’arrière-pays, avec notamment La vallée de la Scie, une pure merveille signée Karl Daubigny, amenée pour l’occasion du musée d’Orsay ; les ports normands ; et enfin les compagnons de route des Daubigny (Boudin, Jongkind, Courbet…).

C’est la première fois qu’est ainsi mis en perspective le travail du père et du fils, montrant certes une forme de complémentarité, mais aussi le génie propre à chacun. « Les recherches pour parvenir à ce résultat furent longues et passionnantes, » explique Mme von der Brüggen. « Il a notamment fallu pister certaines œuvres dont on n’avait plus de traces depuis des lustres, notamment parmi celles de Karl, dans les salles de vente ou auprès des collectionneurs privés. »

Les visiteurs pourront donc voir ici quantité d’inédits, jamais à ce jour exposés en public. Une occasion à ne pas manquer, dans un musée qui offre par ailleurs une vue imprenable sur l’estuaire de la Seine. Dans ce lieu inspirant et inspiré, on comprend mieux ce que les artistes sont venus chercher le long des côtes de la Manche.

Karl Daubigny, Voiliers sur l'estuaire. (© Musée des Beaux-Arts de Pau)

Karl Daubigny, Voiliers sur l'estuaire. (© Musée des Beaux-Arts de Pau)

INDISPENSABLE !
 

Les couleurs de la mer

Jusqu’au 23 novembre 2020. Le musée est ouvert du 1er au 30 septembre, tous les jours sauf le mardi, de 10h à 12h et de 14h à 18h ; octobre et novembre, tous les jours sauf le mardi, de 10h à 12h et de 14h30 à 17h30. Plein tarif 8 € ; 6,5 € (16-25 ans, étudiants), gratuit pour les personnes en situation de handicap.
Sur place, vous trouverez en vente à la boutique le splendide catalogue de l’exposition. La mémoire s’efface, mais les livres restent ! Indispensable donc pour emporter avec soi le souvenir d’un événement unique, présentant des œuvres que le public n’aura pas de sitôt le loisir de contempler à nouveau. Direction Viktoria von der Brüggen et Benjamin Findinier. Édition de la Société des amis du musée Eugène-Boudin, 32 €. Existe avec deux couvertures différentes.
 
Mis à jour le 08/09/2020 - par Stéphane William Gondoin.
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