Patrimoine normand

Caen - la rue Froide

Vendredi 18 Janvier 2008
Caen - la rue Froide

Caen - La rue Froide vue du nord. Au fond, le clocher de Saint-Sauveur. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand.)


Extrait Patrimoine Normand n°18.
Par Isabelle Audinet.

 

Pour poursuivre notre visite de Caen, débutée par le quartier de l’église Saint-Etienne-le-Vieux, la rue Ecuyère, et enfin le quartier Saint-Sauveur, nous voici de nouveau dans un des vieux quartiers de Caen, à quelques centaines de mètres de Saint-Sauveur, la Rue Froide.

 Caen - La rue Froide vue du nord. Au fond, le clocher de Saint-Sauveur (Notre-Dame de Froiderue jusqu’à la révolution). (Photo Rodolphe Corbin)
Le clocher de Saint-Sauveur (Notre-Dame de Froiderue jusqu’à la révolution). (Photo Rodolphe Corbin.)

Le Caen pittoresque n’a pas été entièrement détruit lors de la dernière guerre. Bien au contraire, la majeure partie des ensembles anciens subsistent. Et parmi ceux-ci, la petite Rue Froide, à laquelle nous allons nous attacher. Froide, elle n’en a que le nom. Nous pénétrons en effet dans une rue étroite, orientée certes sud/est-nord/ouest, mais animée par ses commerces et boutiques artisanales caractéristiques. Ses bouquinistes, encadreur, luthier, imprimeur la distinguent en effet des rues alentour, proposant des activités plus communes à nos villes actuelles. Robida la décrivait ainsi :

« L’étroite rue Froide, d’un beau caractère, commence bien avec la façade latérale de Saint-Sauveur, la tourelle d’angle de l’abside ogivale, la tour et le portail aux vieux vantaux de bois qui furent richement sculptés, bien rongés aujourd’hui - avec les vieilles maisons de l’autre côté, aux murailles grises, çà et là présentant quelque motif sculpté, bandeau, médaillon ou blason, et les lucarnes, jolies et variées - comme ici, se faisant pendant à la même maison, une lucarne de la Renaissance à côté d’une belle lucarne gothique hérissée d’animaux fantastiques - et les amusants coins de bric-à-brac, encombrés de bibelots dedans et dehors, dans les boutiques ouvertes sur le trottoir, et les ruelles conduisant à d’autres rues d’un ragoût pittoresque non moins accentué ! Décidément, ce n’est pas une rue, c’est une eau-forte ou plutôt une succession d’eaux-fortes ».

Plan de la ville et du château de Caen. Plan anglais, copie d’un plan français. (Coll. Part. E. Groult.) En médaillon : la rue Froide. (Extrait du Merian, Topographia Galliae, 1650.)

Plan de la ville et du château de Caen. Plan anglais, copie d’un plan français. (Coll. Part. E. Groult.) En médaillon : la rue Froide. (Extrait du Merian, Topographia Galliae, 1650.)

Une rue ancienne

La Rue Froide est connue pour être l’une des plus anciennes voies de la ville de Caen.

Si l’on suit l’une des traditions attachées à cette rue, elle aurait été créée vers le VIIe siècle par saint Regnobert, évêque de Bayeux, en même temps que la paroisse Notre-Dame de Froide-Rue et son église. En réalité, en l’absence de sources plus sûres que la tradition, cette rue est mentionnée pour la première fois, à notre connaissance, au XIIe siècle, vers 1120 ; soit peu de temps après les premières mentions de Caen au XIe siècle. Rue anciennement connue donc, mais dont l’origine du nom est, quant à lui, source de nombreuses légendes. S’il est certain qu’elle tire son nom de son orientation sud/est-nord/ouest, l’exposant ainsi aux vents froids dominants, d’autres possibilités furent aussi envisagées, relevant alors de la légende. Selon l’Abbé de la Rue, au XIXe siècle, la dénomination « rue Froide » aurait pour origine le nom d’un de ses habitants, un certain Odobrun de Froi­derue, mentionné au XIIe siècle. Un Ale­xandre de Froiderue est aussi connu à cette même période. En fait, des études anthroponymiques réalisées par les historiens montrent que l’on désignait les personnes, entre autres possibilités, à cette période, par le lieu où elles habitaient (et non l’inverse). L’hypothèse de l’Abbé de la Rue est d’autant plus à rejeter que la rue est déjà mentionnée quelques années auparavant (un moulin y est cité en 1120).

Dans une autre version, la rue Froide tirerait son nom d’une parole prononcée par la Reine Mathilde (« Oh ! La froide rue), alors que son mari Guillaume, suite à une violente colère, la faisait promener dans toute la ville, les cheveux attachés à un cheval.

Si son existence n’est pas prouvée avant le XIIe siècle (faute de sources écrites et archéologiques), la rue Froide appartient néanmoins au centre médiéval le plus ancien de Caen, le Bourg le Roi. En effet, avec le règne de Guil­laume le Conquérant, l’agglomération qui avait connu un essor à partir du Xe siècle, devient la ville de Caen, rivale de Bayeux, dès la fin du XIe siècle. C’est l’implantation du château et des deux abbayes (Abbaye-aux-Dames et Abbaye-aux-Hommes) qui va favoriser la fixation et le développement de l’habitat vers l’ouest. C’est à cette partie, autrement appelée Bourg le Roi, qu’appartient la rue Froide. À l’origine, cette rue était coupée par le Petit-Odon, bras artificiel de l’Odon creusé vers le XIe siècle qui amenait l’eau potable. Cette rivière est actuellement couverte et circu...

 

Il vous reste 91 % de cet article à lire.




Abonnement Patrimoine Normand
 

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
Paiements sécurisés
Abonnement Patrimoine Normand

ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :

  • PARTENAIRE(S) 

    Abbayes de Normandie  France Bleu

NOUS SUIVRE

 Twitter Patrimoine Normand  

PRATIQUE

  • Le magazine PATRIMOINE NORMAND
  • est édité par les éditions Spart
  • © PATRIMOINE NORMAND - 1995-2024

ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :

  • PARTENAIRE(S) 

    Abbayes Normandes  France Bleu

NOUS SUIVRE

 Twitter Patrimoine Normand  

PRATIQUE

  • Le magazine PATRIMOINE NORMAND
  • est édité par les éditions Spart
  • © PATRIMOINE NORMAND - 1995-2024
Patrimoine normand