Balade fromagère en pays d’Auge. (Photo Éric Bruneval © Patrimoine Normand.)
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« Honni soit qui sans fromage prétend à bonne table rendre hommage »
Devise de la Confrérie des chevaliers des taste-fromages de France
La Normandie est le pays du fromage et ce n’est pas la petite ville de Camembert qui dira le contraire tant le fromage qui porte son nom est célèbre. Depuis plus d’un siècle, ses boîtes rondes, hautes en couleurs, voyagent à travers le monde et ont fait de cette bonne pâte plus qu’une spécialité, un symbole national. Mais la région normande ne se limite pas à Camembert ; le pont l’évêque et le livarot appartiennent également à la mémoire collective et leurs qualités gustatives sont évoquées quotidiennement par un grand nombre d’amateurs. En Normandie, il n’est pas de grande table ou de bon repas qui ne se termine traditionnellement par un plateau varié. Et, bien que le patrimoine gastronomique normand possède, encore aujourd’hui, un large éventail d’appellations, les menus font généralement appel à ces trois fromages du pays d’Auge pour ouvrir le temps consacré au dessert. Les connaisseurs sont convaincus que la saveur de leur pâte doit beaucoup à leur origine qui participe indirectement à leur notoriété. Car à travers le goût, c’est toute l’histoire d’une région et les particularités de son terroir qui s’expriment.
Camembert, livarot, pont-l’évêque et d’autres, autant de goûts normands à protéger. (Photo Éric Bruneval © Patrimoine Normand.)
Le camembert : un petit fromage qui a fait du chemin
Sur l’origine du camembert, il est difficile d’affirmer quoi que ce soit puisque, avant la toute fin du XVIIIe siècle, il n’est fait nulle mention de son aspect ou de son procédé de fabrication. Ainsi, lorsque Thomas Corneille écrit, en 1708, dans le Dictionnaire universel géographique et historique, « qu’il se tient à Vimoutiers tous les lundis, un gros marché où l’on apporte les excellents fromages du païs de Camembert » (cité par Olivier Courtois dans son site), rien ne prouve qu’il s’agit de la pâte molle à croûte fleurie appelée camembert et non d’une autre spécialité fromagère. Aucun récit de l’époque ne peut réellement attester de l’existence de la recette du camembert. C’est donc à Marie Harel que revient le mérite de sa création. La petite histoire veut qu’en 1791 cette jeune femme de trente ans ait été la première à commercialiser un fromage original qu’elle avait élaboré à partir d’une recette locale et qu’elle imposa sous l’appellation de camembert. Pendant cette période révolutionnaire, elle abritait dans sa ferme de Beaumoncel un prêtre réfractaire, l’abbé Gobert, qui lui aurait appris à fabriquer le fromage de Brie et elle s’en serait servie pour concevoir ses camemberts. Ils eurent un tel succès au marché de Vimoutiers que, dès 1795, ils étaient égale...
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