Patrimoine normand

L’affaire des sorciers de La Haye-du-Puits - La Raison contre les superstitions

Samedi 25 Décembre 2021
L’affaire des sorciers de La Haye-du-Puits - La Raison contre les superstitions

Sorcière en vol emmenant un enfant au sabbat. Illustration réalisée pour le Dictionnaire infernal de Collin de Plancy, en 1863. (DR)


Stéphane William Gondoin

Extrait Patrimoine Normand n°120
Par Stéphane William Gondoin.

 
Panorama depuis le sommet du mont Doville. Derrière la table d’orientation, le mont Étenclin, lieu où les « sorciers » de La Haye-du-Puits étaient censés célébrer leurs sabbats infernaux.  (© Stéphane William Gondoin)
Panorama depuis le sommet du mont Doville. Derrière la table d’orientation, le mont Étenclin, lieu où les « sorciers » de La Haye-du-Puits étaient censés célébrer leurs sabbats infernaux.  (© Stéphane William Gondoin)

On assimile trop souvent les grands procès en sorcellerie à « l’obscurantisme médiéval », oubliant un peu vite que les procédures du genre se multiplient à la Renaissance et pendant l’essentiel du Grand Siècle. Entre fanatisme religieux, croyances irrationnelles, délation, aveux extorqués sous la torture et condamnations arbitraires, le sort des malheureux emportés dans le tourbillon de l’affaire de La Haye-du-Puits, démontre l’hystérie de la « justice » normande dans la première moitié du règne de Louis XIV.

Dans l’Essai intitulé Des boyteux, publié en 1588, le philosophe Michel de Montaigne (1533-1592) fait part de son incrédulité face aux affaires de sorcellerie et affirme : « A tuer les gens, il faut une clarté lumineuse et nette ; & est nostre vie trop réele & essentielle pour garantir ces accidens supernaturels et fantastiques.* » Plus loin, il s’étonne que l’on puisse imaginer « qu’un de nous soit envolé sur un balay, au long du tuiau de sa cheminée, en chair & en os, par un esprit estrangier. » Et cette conscience visionnaire de conclure : « après tout, c’est mettre ses conjectures à bien haut pris que d’en faire cuire un homme tout vif. »

En consignant cela noir sur blanc, Montaigne heurte de plein fouet les certitudes de la plupart de ses contemporains, à commencer par celles du juriste Jean Bodin (v. 1530-1596). Dans De la démonomanie des sorciers, celui-ci explique doctement que les « enchanteurs » voyagent « tantost sur un bouc, tantost sur un cheval volant, tantost sur un ballet, tantost sur un baston. » Et là où Montaigne prône la réflexion, la prudence et la mesure, Bodin prêche en faveur de la sévérité la plus extrême « pour quinze crimes détestables, le moindre desquels mérite la mort exquise [nda : au sens « d’exemplaire »]. »

L’affaire de La Haye-du-Puits, c’est un concentré de tout cela, une opposition entre ces deux courants de pensée antagonistes, un combat entre les faits et la croyance, entre la Raison et l’igno...

 

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* Tous les extraits cités pouvant se comprendre relativement aisément, nous avons choisi de les laisser dans la langue originale.
 



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