Patrimoine normand

Graffiti maritimes - fantômes de l’armada

Lundi 3 Novembre 2008
Graffiti maritimes - fantômes de l’armada

Château de Tancarville (76). Un navire a été gravé sur la face interne du parapet de la terrasse de l’une des tours du châtelet d’entrée (au premier plan, sur la photo). (Photos © Érik Follain)


Érik Follain

Extrait Patrimoine Normand n°68
Par Érik Follain & Dominique Pitte.
 
Arrêtés par le pont, une multitude des navires se massent le long des quais de Rouen. Ce spectacle impressionnant a été figuré par Jacques Gomboust dans son plan de la ville, en 1655.
Arrêtés par le pont, une multitude des navires se massent le long des quais de Rouen. Ce spectacle impressionnant a été figuré par Jacques Gomboust dans son plan de la ville, en 1655.

Les navires qui se sont rassemblés à Rouen au début du mois de juillet ont aujourd’hui regagné la mer. Ils nous ont rappelé que la Seine est depuis longtemps empruntée par une multitude d’embarcations vouées à la guerre, à la pêche, au commerce ou au transport des hommes. D’innombrables graffiti, gravés sur les murs des églises, châteaux, manoirs ou maisons répartis de part et d’autre du fleuve, ont gardé le souvenir de bateaux aujourd’hui disparus. Durant plusieurs siècles, des mains anonymes ont reproduit dans le calcaire ou dans le plâtre l’image d’une grande variété de navires qui constituent une formidable armada de pierre.

Le recensement et l’étude des graffiti maritimes est une discipline récente, dans laquelle notre région a joué un rôle pionnier. C’est en effet dans les années 1950 qu’Henri Cahingt s’attache à leur recensement et leur étude, centrés sur la région de Dieppe et la vallée de la Seine ; il démontre l’intérêt de ces recherches à l’occasion d’une communication au premier colloque d’histoire ma­ritime qui s’est tenu à Paris en 1956 et prolonge ses recherches par une exposition intitulée « graffiti du Moyen Âge au XVIIIe siècle », accueillie en 1964 par le château-musée de Dieppe. Dans un ouvrage intitulé Les murs qui parlent, publié un quart de siècle plus tard, l’auteur remarque que « les graffiti ne se trouvent que dans les régions où le matériau les permet : pierre calcaire, plâtre, mortier lissé » ; il conclut qu’on en rencontrait en grand nombre dans la vallée de la Seine et que les plus beaux d’entre eux se trouvaient à l’embouchure du fleuve, à Honfleur, Harfleur, Quillebeuf et Vatteville-la-Rue, « métropoles historiques de la navigation ». En 1976, nombre de graffiti sont collectés par Alain Joubert, Eric Rieth et Jean Lepage, au cours d’une étude des bateaux votifs des églises du Val de Seine réalisée dans le cadre du Parc Naturel régional de Brotonne ; Anne-Sophie Sergent entreprend, à la fin de la décennie suivante, des investigations sur un territoire beaucoup plus vaste. Des recherches sont venues encore plus récemment enrichir le dossier et montrent que les graffiti marins se répartissent régulièrement le long du fleuve jusqu’à Rouen, comme l’a montré la collecte effectuée par Nicolas Wasylyszyn dans le canton de Grand-Couronne. La diversité des représentations est grande et va de la simple évocation en quelques traits d’une barque à la reproduction jusque dans ses moin...

 

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