La motte castrale et le shell keep de Gisors, dominés par une haute tour maîtresse. (© Stéphane William Gondoin)
Octobre 1307. À l’aube de ce vendredi 13, jour depuis lors frappé du coin du malheur, Jean de Verretot, bailli de Caen, s’occupe en personne de la commanderie de Baugy. Des auxiliaires sûrs se présentent quant à eux à Bretteville-le-Rabet, Voismer, Courval et Louvigny, les autres commanderies de son ressort. Le premier acte d’un drame qui durera plus de six ans.
Les consignes sont claires : procéder à l’arrestation des templiers, chevaliers (nobles) ou sergents (non nobles), et recenser les biens de la commanderie. Dans le bailliage de Verretot, on interpelle un seul chevalier (Gautier de Bullens, à Voismer) et douze sergents, expédiés en prison à Caen. On dresse un inventaire complet de ce que l’on a saisi sur place. Adieu veaux, vaches, cochons, mais aussi moutons, chevaux, céréales des granges, tonneaux de vin, vaisselle, outils, draps…
Pour quels motifs ?
Certains reprochent bien des choses, et depuis longtemps, aux membres de la – désormais – feue « armée de Dieu », à commencer par leur responsabilité dans la perte de la Terre sainte, sans rien faire – dit-on – pour tenter de la récupérer. On dénonce surtout leur insatiable cupidité, à l’image du troubadour Despol qui, excusez du peu, convoque Dieu en personne et place dans sa bouche cette condamnation : « les temples et hospitaulx [templiers et hospitaliers, confon...
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