Patrimoine normand

La pêche à la morue, une véritable industrie

Lundi 10 Janvier 2011
La pêche à la morue, une véritable industrie

Un terre-neuvier revenant des bancs. (© Collection Musée de Fécamp)


Jeannine Bavay

Extrait Patrimoine Normand n°76
Par Jeannine Bavay.
 
Séchage des morues sur le grave. (© Collection Musée de Fécamp)
Séchage des morues sur le grave. (© Collection Musée de Fécamp)

La pêche à la morue dans les eaux de Terre-Neuve concernait des centaines de milliers d'hommes des régions littorales françaises et même de l'arrière pays : 12 000 navires, 450 000 hommes y étaient employés, approximativement, pour le XVIIIe siècle. Quatre-vingts dix ports du littoral français armaient pour cette pêche et parmi eux, les ports normands jouaient un rôle important surtout Granville et Fécamp1.

La pêche à la morue à Granville et Fécamp

C'était une activité ancienne. En effet, depuis la fin du XVe siècle, chaque année, les hommes, les terre-neuvas, s'embarquaient pour huit à neuf mois sur les bateaux morutiers ou terre-neuviers. Malgré les conditions très dures, cette pêche était d'un bon rapport et entrainait le développement de l'économie locale.

On connait le nom d'un armateur morutier de Fécamp en 1561 par un procès qui l'oppose à l'abbaye. En effet, rentrant de Terre-Neuve avec un chargement de 70 000 morues, il refuse de payer les taxes à l'abbaye - taxes qu'il sera finalement obligé de payer. On sait aussi qu' en 1627, dix huit à vingt vaisseaux fécampois pêchaient sur les bancs de Terre-Neuve.
 

En bleu : zones de pêche à la morue. En rouge : le  french shore , zone de pêche française. ( Collection Musée de Fécamp) 

En bleu : zones de pêche à la morue. En rouge : le « french shore », zone de pêche française. (© Collection Musée de Fécamp)

À la même époque, en 1572, Granville envoyait treize bateaux, vingt cinq en 1687. Ce nombre ne cessera d'augmenter et Granville deviendra un grand port morutier tout au long du XVIIIe siècle, concurrençant même Saint-Malo avec cinquante sept navires en 1786 contre cinquante neuf pour Saint-Malo (dix neuf pour Fécamp). Entre 1722 et 1792, ce sont 4000 morutiers granvillais avec 135 000 hommes qui se livrent à cette activité. Cette progression se réalise malgré les guerres avec l'Angleterre, qui portent quand même des coups sévères à l'armement. Des armateurs perdent des navires, détruits ou saisis et les traités successifs privent les pêcheurs de leurs lieux de pêche habituels. Mais en temps de guerre, on arme « en course » pour faire la chasse aux navires des états avec lesquels on est en guerre. Grande pêche et guerre de course, sont intimement liées dans l'économie de la ville, organisées par les mêmes armateurs, pratiquées par les même navires dont l'équipement est renforcé en canons et munitions, avec les mêmes hommes.

Il faut bien constater qu'à Granville la pêche à la morue constitue pratiquement la seule industrie. Alors en temps de guerre, il faut quand même rentabiliser les bateaux ! Beaucoup de bourgeois sont armateurs ou intéressés à l'armement car pour trouver des finan...

 

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1) Dieppe, Honfleur, étaient aussi des ports morutiers importants.


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